Criminologie et création d'entreprise

(Très) libre digression fantaisiste

patrice Pousson

11/23/20232 min read

Première partie

Il y a quelques années, sur un salon dédié à la création d'entreprise, une jeune étudiante m'interpelle.

Quelles études avez-vous suivi pour devenir conseiller en création d'entreprise?

Pénaliste de formation, je mets surtout en avant pour l'intriguer mes études de criminologie. Interloquée, elle me répond "C'est bizarre car la conseillère de la Chambre de Commerce m'a répondu la même chose !". Et me voilà à mon tour pris à mon propre jeu.

Car pure coïncidence, ce jour là était présente une camarade de DEA qui avait été embauchée dans la même branche que moi.

Et si cela n'était pas fortuit ? Et si la criminologie pouvait nous aider à mieux comprendre les créateurs d'entreprise ? Sur ce postulat (délirant), me voilà à rechercher dans les cartons mes cours poussiéreux de 1994...

Premier souvenir, évidemment, Cesare Lombroso, le père de la criminologie moderne. Nous sommes en 1876.

Ce professeur italien de psychiatrie et de médecine légale défend la thèse controversée selon laquelle la « délinquance » serait nettement plus fréquente chez des personnes porteuses de certaines caractéristiques physiologiques et anatomiques (forte mâchoire, arcades sourcilières proéminentes...).

Dans une étude portant sur 4000 criminels italiens (morts et vivants), il constate que 40 % d’entre eux présentent des caractéristiques ataviques. En très rapide raccourci, cette théorie déterministe conduisait à affirmer que les criminels n'étaient pas responsables de leurs activités criminelles puisque le crime était dans leurs gènes. Je vous laisse entrevoir les risques d'une telle théorie. Car si l'on peut reconnaître les criminels à certains traits physiques, on va pouvoir prévenir le crime en les neutralisant à l'avance...

Or, à l'instar du "criminel né" de Lombroso, existerait-il un "créateur né"?

Pourrait-on le reconnaître à certains atavismes physiques? Après avoir conseillé plus d'un millier de créateurs, j'hésite. Si j'ai bien eu la tentation de procéder parfois à des mensurations, je n'ai malheureusement pas décelé de caractéristiques crâniennes évidentes chez mes entrepreneurs.

En y réfléchissant, un seul trait physique majoritaire à vrai dire m'a finalement sauté aux yeux. Et il n'est pas anodin. 75% de mes créateurs étaient ... des créatrices ! Et si je tenais là moi aussi une vérité scientifique !

A moi la gloire et les publications. Malheureusement j'ai bien peur que sur cette hypothèse, mes collègues de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat ne m'apportent un vif démenti … Car ma spécialisation sur les professions libérales a surement faussé mon analyse :) Il n'empêche que cela pourrait nous amener demain à nous pencher sur les théories sociologiques d'explications du crime et de la création d'entreprise ;)

A suivre